Les antihistaminiques représentent l'un des traitements symptomatiques des allergies chez le chien. Ces médicaments, par leur action sur les récepteurs à l'histamine, permettent de gérer un large éventail de troubles, allant du simple prurit (démangeaisons) à des manifestations cliniques plus sévères de la dermatite. Cet article vise à fournir une compréhension approfondie de l'usage des antihistaminiques chez le chien, en intégrant des données scientifiques et des recommandations pratiques.
Un antihistaminique pour chien est un type de médicament conçu pour bloquer l'action de l'histamine. L'histamine est une substance chimique libérée par le système immunitaire lors d'une réaction allergique ou inflammatoire, et qui provoque des symptômes comme des démangeaisons, des rougeurs cutanées ou des conjonctivites. Les antihistaminiques se lient aux récepteurs de l'histamine, présents dans divers tissus et cellules, empêchant ainsi l'histamine de provoquer des effets indésirables.
Les antihistaminiques ne traitent pas la cause sous-jacente de la maladie, mais permettent de contrôler les symptômes, améliorant ainsi la qualité de vie de l'animal. Leur utilisation doit être encadrée par un vétérinaire, qui pourra poser un diagnostic précis et adapter le traitement.
L'utilisation des antihistaminiques peut être envisagée dans différents contextes, principalement en cas de dermatites (maladies de la peau) allergiques, de réactions cutanées suite à des piqûres d'insectes ou après la vaccination. Il est donc important de comprendre leur mécanisme d'action, leurs limites et les options thérapeutiques complémentaires.
Les antihistaminiques agissent en tant qu'antagonistes des récepteurs histaminiques, empêchant l'histamine de se lier et d'activer ces récepteurs. Ainsi, ils réduisent les manifestations inflammatoires et pruritiques de la réaction allergique. Il faut noter que certains antihistaminiques peuvent également inhiber la dégranulation des mastocytes, qui libèrent l'histamine [14, 20].
Les antihistaminiques peuvent être administrés de plusieurs façons. Ils peuvent être utilisés en monothérapie, c'est-à-dire seuls, pour les allergies légères, ou en combinaison avec d'autres traitements, comme les corticoïdes, en cas de symptômes plus sévères. Ils sont souvent utilisés pour diminuer le prurit et les autres effets indésirables des allergies chez le chien. La prise en charge de la dermatite atopique (une maladie inflammatoire chronique de la peau) repose souvent sur cette approche.
On distingue principalement deux catégories d'antihistaminiques : les antihistaminiques de première et de deuxième génération :
Antihistaminiques de Première Génération :
Ces molécules, telles que la diphenhydramine, la chlorphéniramine, ou l'hydroxyzine sont les plus anciennes. Ils traversent facilement la barrière hémato-encéphalique, ce qui est souvent la cause d'effets secondaires tels que la somnolence, la léthargie et parfois la sécheresse buccale. Ils agissent rapidement mais ont une courte durée d'effet.
Antihistaminiques de Deuxième Génération :
Ces molécules, telles que la cétirizine , la loratadine, ou la fexofénadine, ont une action plus spécifique sur les récepteurs histaminiques. Ils provoquent moins d'effets indésirables car ils traversent plus difficilement la barrière hémato-encéphalique, réduisant ainsi le risque de somnolence. Ils ont une action plus prolongée permettant une administration moins fréquente.
Le choix entre les deux catégories dépendra de l'état de santé de votre compagnon, de la sévérité des symptômes, et de la réponse individuelle de votre chien. Les antihistaminiques de deuxième génération sont à privilégier pour limiter le risque de somnolence.
La posologie des antihistaminiques chez le chien doit être déterminée par votre vétérinaire selon plusieurs facteurs :
Type d'antihistaminique : Les doses varient considérablement d'une molécule à une autre.
Poids de l'animal : Les doses sont généralement calculées en milligrammes par kilogramme de poids corporel.
Condition médicale et autres traitements en cours
Gravité des symptômes.
Les antihistaminiques sont principalement administrés par voie orale sous forme de comprimés. Comme tout traitement, il est crucial de suivre rigoureusement les instructions de votre vétérinaire et de ne pas modifier la dose ou la fréquence d'administration sans son avis.
Les études cliniques démontrent une efficacité variable des antihistaminiques chez le chien. L'analyse des données probantes révèle que la cétirizine, à une dose de 1 à 3 mg/kg/jour, n'entraîne une amélioration significative des symptômes (réduction de plus de 50% du prurit) que chez 18% des chiens traités. La chlorphéniramine, administrée à une dose de 0,2 mg/kg deux à trois fois par jour, montre une efficacité plus encourageante avec une réduction notable du prurit chez 16 à 80% des sujets selon les études. L'hydroxyzine, à une posologie de 2 mg/kg deux à trois fois par jour, permet d'obtenir une amélioration clinique chez 28 à 80% des cas. Il est important de noter que la réponse thérapeutique varie considérablement d'un individu à l'autre, rendant difficile la prédiction de l'efficacité du traitement. Les antihistaminiques montrent généralement une meilleure efficacité dans la prise en charge des cas légers à modérés de dermatite atopique, plutôt que dans les formes sévères de la maladie.
On rappelle que l'automédication de son animal est prohibée car les antihistaminiques, comme tout traitement, ne peuvent être prescrits que par un vétérinaire après évaluation du bénéfice risque notamment.
L'association raisonnée de différentes molécules peut permettre d'optimiser la prise en charge thérapeutique des chiens allergiques. La combinaison hydroxyzine-chlorphéniramine (4,2 mg d'hydroxyzine et 0,14 mg de chlorphéniramine par kg) s'est révélée particulièrement intéressante, permettant une amélioration des signes cliniques de 18 à 47% selon les études. Cette association peut également réduire le prurit de 24,7 à 30%. L'utilisation concomitante d'antihistaminiques et de corticostéroïdes peut permettre de réduire les doses de ces derniers jusqu'à 30%, limitant ainsi leurs effets indésirables à long terme. Les acides gras essentiels, notamment les combinaisons d'huiles de poisson et de bourrache, en complément des antihistaminiques, ont démontré une amélioration significative des scores cliniques et du prurit après 64 jours de traitement. Cette approche multimodale permet souvent d'obtenir une meilleure réponse thérapeutique que l'utilisation d'antihistaminiques seuls, tout en minimisant les effets secondaires potentiels de chaque molécule.
La réalisation de tests allergologiques est une étape cruciale dans le diagnostic et la prise en charge thérapeutique des chiens atopiques allergqiues aux allergènes dans l'air. L'administration d'antihistaminiques peut significativement interférer avec ces examens diagnostiques. En effet, les antihistaminiques peuvent significativement inhiber les réactions cutanées lors des tests intradermiques (IDST). La cétirizine, l'hydroxyzine, la loratadine et la terfénadine ont toutes montré une capacité à supprimer les réactions cutanées lors des IDST. Cette inhibition persiste entre trois et dix jours selon la molécule et la posologie utilisée. Par conséquent, il est impératif d'observer une fenêtre thérapeutique avant la réalisation des tests cutanés : un minimum de deux semaines d'arrêt est recommandé pour la plupart des antihistaminiques. Cette période permet d'éviter les faux négatifs qui compromettraient la fiabilité des résultats.
L'immunothérapie spécifique aux allergènes (ASIT) représente une approche thérapeutique majeure dans la prise en charge de la dermatite atopique canine, et l'utilisation concomitante d'antihistaminiques mérite une attention particulière. Les données cliniques montrent qu'il n'existe pas d'association entre la réponse aux antihistaminiques et la réponse à l'ASIT. Concernant la phase d'induction de l'ASIT, les antihistaminiques peuvent être utilisés, bien que leur rôle dans la prévention des effets indésirables n'ait pas été clairement établi. Leur utilisation combinée nécessite une surveillance étroite et une adaptation personnalisée des doses, tant des antihistaminiques que des autres médicaments utilisés conjointement. L'objectif est d'optimiser l'efficacité de l'immunothérapie tout en maintenant un contrôle adéquat des symptômes allergiques pendant la phase d'induction du traitement.
Bien qu'ils soient généralement considérés comme sûrs, les antihistaminiques peuvent provoquer des effets indésirables chez le chien :
Somnolence : L'effet secondaire le plus fréquent, notamment avec les antihistaminiques de première génération.
Sécheresse buccale.
Troubles gastro-intestinaux : Nausées, vomissements, ou diarrhées sont possibles chez certains animaux.
Autres effets, plus rares, comme une augmentation du rythme cardiaque ou une excitation paradoxale.
Il est primordial de surveiller attentivement votre chien et de contacter votre vétérinaire en cas d'apparition de tout signe inhabituel.
Précautions :
Les antihistaminiques doivent être utilisés avec précaution chez les chiens présentant des problèmes cardiaques, hépatiques, rénaux, ou un glaucome.
Il est important d'informer le vétérinaire des autres médicaments pris par l'animal afin d'éviter les interactions
Éviter l'automédication. Seul un vétérinaire peut déterminer la pertinence de l'utilisation d'un antihistaminique et adapter la posologie.
La prudence est de mise chez les chiennes gestantes ou allaitantes et en l'absence d'études leur utilisation est déconseillée.
La prise en charge des allergies chez le chien passe aussi par une gestion rigoureuse de l'environnement de l'animal, pour limiter son exposition aux allergènes:
Réduction des allergènes: Lavez régulièrement le couchage de votre chien, utilisez des housses anti-acariens, passez l'aspirateur fréquemment, lavez les jouets et les gamelles régulièrement, et contrôlez l'humidité à l'intérieur de votre habitation.
Gestion des sorties: Limitez les promenades pendant les périodes de forte concentration pollinique et adaptez les horaires de sortie en fonction du contexte extérieur.
Alimentation adaptée : Dans les cas d'allergies alimentaires, une ration équilibrée ou hypoallergénique, pauvre en allergènes, est indispensable. Évitez les changements brusques d'alimentation et les friandises non adaptées.
Éviction des puces : un traitement régulier contre les puces est essentielle et permet de réduire les cas d'allergies dues aux piqûres de ces parasites.
Ces mesures permettent de limiter les réactions allergiques et de potentialiser les effets des médicaments, y compris des antihistaminiques.
Certains ingrédients naturels et approches complémentaires peuvent être utilisés en soutien des antihistaminiques, sans pour autant remplacer un traitement médical avéré :
Plantes apaisantes: L'aloé vera et la calendula possèdent des propriétés anti-inflammatoires qui peuvent soulager les démangeaisons lorsqu'elles sont appliquées localement.
Acides gras essentiels : Ils contribuent à renforcer la barrière cutanée, limitant ainsi la pénétration des allergènes. Les oméga-3 et 6, présents dans l'huile de poisson ou l'huile de bourrache, sont souvent conseillés.
Probiotiques : Ces micro-organismes peuvent améliorer la fonction intestinale et renforcer le système immunitaire, pouvant indirectement limiter les réactions allergiques.
Shampoings apaisants : Des shampoings à base d'ingrédients doux et apaisants (colloïdal d'avoine) peuvent soulager les démangeaisons.
Régimes d'exclusion : Pour identifier les allergènes alimentaires responsables des symptômes, les vétérinaires peuvent mettre en place des régimes d'exclusion stricts.
Immunothérapie spécifique : L'ASIT (allergen-specific immunotherapy) repose sur l'injection d'allergènes, pour diminuer progressivement la sensibilité de l'animal à ces substances.
Ces options, utilisées en complément des antihistaminiques, peuvent contribuer à améliorer la prise en charge globale des allergies chez le chien.
La dermatite atopique canine, une maladie de la peau inflammatoire chronique, est une indication fréquente à l'utilisation d'antihistaminiques. Ceux-ci peuvent aider à gérer les crises aiguës, mais ils sont rarement suffisants à eux seuls pour contrôler la maladie à long terme. Ils sont souvent associés à d'autres médicaments (corticoïdes, ciclosporine, oclacitinib), pour mieux gérer les symptômes et limiter les effets indésirables des corticoïdes à long terme.
Les antihistaminiques peuvent également être utilisés lors de la phase d'induction de l'immunothérapie spécifique (ASIT), dans le but de limiter les effets secondaires et améliorer la tolérance à ce traitement.
Les antihistaminiques peuvent être utilisés pour soulager les manifestations cutanées liées à des allergies alimentaires mais ils ne s'attaquent pas à la cause de la réaction allergique. Des régimes d'exclusions stricts, pour identifier les allergènes, couplés à des mesures hygiéniques rigoureuses, sont nécessaires pour une prise en charge complète. Les antihistaminiques peuvent venir en aide lors de crises allergiques aiguës, pour réduire les signes cliniques.
Les antihistaminiques peuvent également être utilisés pour soulager les symptômes d'autres types d'allergies et/ou manifstations allergiques, notamment:
Conjonctivites allergiques : Ils peuvent aider à diminuer les rougeurs et les démangeaisons oculaires.
Réactions aux piqûres d'insectes : Pour réduire rapidement l'inflammation et les démangeaisons liées aux piqûres de puces, de guêpes ou d'autres insectes.
Il faut cependant noter que leur efficacité peut varier d'un animal à un autre et d'un type d'allergie à un autre.
Vous pouvez trouver les médicaments en pharmacie mais leur usage hors AMM ne peut être conseillée que par un vétérinaire et dans des conditions bien particulières, notamment quand aucun autre traitement n'est employable du fait d'une malade ou de la présence d'autres traitements. La livraison de produits via des plateformes Internet est fortement déconseillée.
En conclusion, les antihistaminiques sont des médicaments qui peuvent être utiles pour soulager certains symptômes d'allergies chez le chien, notamment le prurit. Ils doivent cependant être utilisés avec précaution, sur prescription du vétérinaire, et en combinaison avec d'autres approches thérapeutiques. Le traitement des allergies chez le chien passe aussi par des mesures de gestion de l'environnement et des compléments alimentaires et la compréhension de la complexité de ces maladies, pour améliorer significativement la qualité de vie de nos compagnons animaux. Cet article vous a permis d'acquérir une meilleure compréhension du fonctionnement des antihistaminiques et des diverses options disponibles pour prendre en charge les allergies chez le chien.
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